Le nom de Salles sous Bois correspond bien avec la situation sur le terrain. Les bois formés de cade ou genévrier avec ses boules bleues, de chêne vert, de pin sylvestre couronnent le village et mettent en valeur les maisons en pierre apparente. C’est de ces hauteurs au lieu-dit « le plan ou Toussas » qu’une nappe par gravitation naturelle fournit l’eau potable dans les maisons mais aussi aux fontaines, bassins et lavoirs du pays.
Il est des inventions qui révolutionnent les ménages. C’est très pacifiquement que la création de la machine à laver le linge a mis fin au règne ancestral des lavoirs publics.
La fontaine de la place des Aires
Place des Aires ou place de la Mairie, une fontaine à plusieurs jets avec colonne centrale équipe cet espace.
Il y a quelques décennies, un bassin rond utilisé comme lavoir et abreuvoir pour le bétail occupait le centre de la place. Démoli, puisque ne servant plus. La commune a mis à sa place la fontaine qui s’y trouve encore.
Au sujet du lavoir, le fait qu’il soit rond donne des à idées à des conquérants de l’inutile. Un pari est lancé par un de mes beaux-frères qui, comme bien des fois, n’avait aucun enjeu sinon celui de prouver une supériorité illusoire. Il s’agissait de faire le tour du lavoir à vélo sur la margelle. Il s’en parle encore dans la famille. Ce coup d’essai fût presque un coup de maître. Il était sur le point de réussir son exploit lorsqu’un méchant coup de mistral le fit basculer dans le bassin. Amusant me diriez-vous !
Le lavoir de la Grande Rue
Au niveau du numéro 23 de la grand-rue, pratiquement en face du bar qui était tenu par Marcel Fillon et son épouse Juliette Combe, se trouve en état de parfaite conservation le lavoir couvert. Pourvu autrefois d’une porte et d’une fenêtre, cette pièce donne de plain-pied sur la rue. Le plafond est voûté. À l’entrée, une fontaine complète les éléments distinctifs alors qu’au fond, à l’opposé de la porte, une cheminée pouvait réchauffer l’atmosphère. Par fort mistral ou intempéries, les ménagères venaient un panier sous le bras ou une lessiveuse portée par une brouette avec l’assurance de travailler à l’abri des frimas.
Place du cabaret
Autre point d’eau : à l’entrée du village, par la grand-rue, place du cabaret, on peut voir contre le mur de la remise de Gabriel Mourgand une belle fontaine en pierre qui doit être très ancienne vu son état.
Tout à côté, un grand bassin formé de grosses pierres a été transformé en jardin d’agrément. La commune, à juste titre, depuis très longtemps, prend des mesures pour économiser l’eau ; c’est une des raisons qui a fait que le bassin a été rempli de terre.
Montée du village
Selon le même modèle, une fontaine abritée par un auvent est visible dans la montée. Les points d’eau du village n’ont jamais été nombreux. En l’absence d’eau dans les maisons, les ménagères venaient avec des arrosoirs en chercher aux fontaines. De même, les chevaux menés à la bride y étanchaient leur soif. La corvée de l’eau avait un côté convivial. Elle permettait des échanges entre les habitants. C’est un des lieux où l’on refait le monde. Ah ! Si les fontaines avaient une mémoire et qu’elles puissent parler, elles pourraient raconter mille et une histoires entendues lors de cette sortie.
Un petit escalier descendait au niveau du pont sur le ruisseau d’Aleyrac, côté amont. Arrivé au niveau du cours d’eau, coulait une source abondante et fraîche. Au moment où les fontaines de la commune tarissaient, suite à la sécheresse estivale, venue du village ou de la ferme des Arnaud une noria de brouettes venait chercher l’eau providentielle. Le propriétaire du terrain, M. Fernand Combe, a toujours toléré que l’on prélève toute l’eau dont les habitants avaient besoin. Dans cette commune, la gentillesse de certain pallie bien souvent le manque de finance. À peu de distance du pont, le Rieu se marie avec la Berre et devient donc affluent de cette dernière. Elle conflue à son tour avec le Rhône aux alentours de Donzére. Cependant, en suivant le cours du Rieu, on se trouve en présence de murs bâtis, « murs anti-crues ». Il arrive que ce ruisseau qui vient d’Aleyrac, lors de pluies diluviennes comme la région sait en produire, se transforme en torrent qui emporte tout sur son passage.
Les jardins au plus près de l’eau voient leurs cultures emportées par le flot impétueux. C’est la raison de ces constructions qui ramènent le ruisseau dans son lit et protègent les récoltes.
Crédit textes : Gérard Jean